La nouvelle était terriblement redoutée depuis la dernière dégradation de son état, il y a une dizaine de jours, elle est malheureusement tombée ce mardi 23 février 2021. Fausto Gresini est décédé.
Il se sera battu férocement durant près de deux mois, mais le COVID-19 a fini par vaincre le lion Fausto Gresini. À 60 ans, l’ancien pilote et directeur de Gresini Racing est décédé à l’hôpital Maggiore de Bologne où il se trouvait en soins intensifs depuis le 30 décembre. Il y avait été transféré après trois premiers jours d’hospitalisation à Imola, confié rapidement à un service plus à la pointe du traitement délicat de la maladie qui l’avait frappé peu avant Noël.
Initialement placé dans le coma, il en avait été sorti début janvier et avait depuis connu des périodes d’améliorations porteuses d’espoir, sitôt suivies de rechutes. C’est après une stabilisation de son état ayant fait suite à une alerte que la situation s’est une nouvelle fois dégradée le 12 février. Aucun signe encourageant n’a plus été mentionné depuis par des bulletins médicaux devenus préoccupants. Lundi, une grande partie de la presse italienne a même annoncé prématurément son décès, que son équipe avait dû démentir en concédant que son état était « extrêmement critique ».
Ce mardi, la lutte courageuse que n’avaient eu de cesse de saluer les médecins a pris fin : Fausto Gresini est décédé. Son équipe l’a annoncé sobrement : « La nouvelle que nous n’aurions jamais voulu vous donner et que nous sommes obligés d’écrire. Après pratiquement deux mois de lutte contre le COVID-19, Fausto Gresini nous quitte à tout juste 60 ans. Toute l’équipe Gresini Racing entoure sa famille, sa femme Nadia et ses enfants Lorenzo, Luca, Alice et Agnese, et les innombrables personnes qui ont eu la chance de le connaître et de l’apprécier. »
Né le 23 janvier 1961, Fausto Gresini ne pouvait échapper à la passion qui nourrit les terres d’Imola, où il fait ses premiers pas et, bientôt, ses premiers tours de roue. D’abord mécanicien, il s’investit corps et âme pour tout apprendre, les mains dans le cambouis dès l’adolescence, puis parvient à toucher du doigt son rêve en s’essayant à son tour au pilotage de ces motos qu’il bichonne.
Rapidement, il gravit les échelons jusqu’à s’aligner au départ du Grand Prix des Nations, à Misano, en 1982, où il joue des coudes avec les stars du Championnat du monde. L’année suivante, il intègre à son tour la série en tant que titulaire, et c’est une carrière de 12 ans qui débute, intégralement disputée dans la catégorie 125cc. Dès 1985, il décroche son premier titre de Champion du monde, qu’il réédite deux ans plus tard. Il sera également trois fois vice-Champion du monde et s’imposera à 21 reprises, écrivant l’un des chapitres les plus importants de la catégorie à une époque où ses adversaires s’appellent Ángel Nieto, puis Luca Cadalora, Pierpaolo Bianchi ou encore Loris Capirossi.
Lorsqu’il raccroche son casque, à 33 ans, Fausto Gresini prend le temps de peaufiner sa seconde carrière. Il est l’heure pour lui de transmettre et c’est ainsi que naît Gresini Racing. « À un certain moment, j’ai dû faire un choix entre devenir un vieux pilote ou un jeune manager », expliquera-t-il. L’aventure sera des plus riches, là aussi, alors qu’il devient l’un des directeurs d’équipe les plus aimés, profondément attaché à ceux qu’il encadre, qu’ils soient les champions dans la lumière ou les hommes de l’ombre.
L’aventure Gresini Racing commence par les 500cc, avec Alex Barros et de premiers podiums conquis avec la Honda NSRV bicylindre deux-temps puis la quatre-cylindres. Dès 1999, l’équipe brille en 250cc avec Loris Capirossi (son ancien adversaire) ou encore Daijiro Kato. Tous deux gagnent et se placent l’un après l’autre sur le podium du championnat, puis le Japonais triomphe dans une année 2001 record. Le retour dans la catégorie reine, à la création du MotoGP en 2002, s’accompagne d’un premier drame, la mort de Kato au Grand Prix du Japon 2003. Huit ans plus tard, c’est son autre pilote fétiche, Marco Simoncelli, qui se tue au Grand Prix de Malaisie, laissant Fausto Gresini marqué à jamais.
Sans jamais baisser les bras, Gresini est resté un pilier du championnat malgré les épreuves, engagé dans toutes les catégories et passeur inlassable auprès des jeunes pilotes. Son équipe a continué à briller en MotoGP, portée au fil des années par Sete Gibernau (vice-Champion du monde 2003 et 2004), Marco Melandri (vice-Champion du monde à son tour en 2005), Toni Elías (vainqueur du fameux GP du Portugal 2006 en MotoGP, puis premier titré en Moto2 en 2010), Álvaro Bautista (cinquième et sixième aux championnats 2012 et 2013), Enea Bastianini (qui dispute ses trois premières saisons de Moto3 et signe ses premiers succès avec l’équipe), ou encore Jorge Martín (titré en Moto3 en 2018), pour ne citer qu’eux.
Depuis 2012, le team Gresini est engagé dans les trois catégories des Grands Prix, un programme auquel s’est ajouté le MotoE en 2019, avec succès puisque c’est son pilote, Matteo Ferrari, qui remporte la première saison. En MotoGP, l’important partenariat scellé avec Honda depuis la création de l’équipe a pris fin en 2015, et c’est à Aprilia que Gresini Racing s’est associé dans un programme unique visant à soutenir le constructeur avant qu’il n’engage une véritable équipe officielle. Au mois de décembre, l’équipe italienne a annoncé avoir renouvelé son contrat avec le championnat pour les cinq prochaines années, mais avec pour projet de retrouver son statut de team indépendant en 2022.
De sa carrière de pilote, née au mérite depuis les ateliers dans lesquels il apprenait les secrets des motos tard le soir, Fausto Gresini a tiré une volonté de fer, qu’il n’a eu de cesse depuis de transmettre à ses équipes, au travers du mélange essentiel entre travail et passion, aussi intensément vécus l’un que l’autre. Leader et fédérateur, il était le pilier de ses troupes, mais aussi l’une des références du paddock depuis son arrivée remarquée lors de ce Grand Prix des Nations 1982.
La mort de Fausto Gresini laisse aujourd’hui un vide immense dans le cœur de chacun d’entre nous qui avons pu vibrer devant les exploits du champion qu’il fut ou admirer sa gestion humaine et passionnée de son équipe. Deux de ses pilotes ont été intronisés au rang de Légendes après les drames qui ont marqué sa carrière de patron ; aujourd’hui il les rejoint, lui aussi bien trop tôt.
Source : motorsport.com
https://fr.motorsport.com/motogp/news/fausto-gresini-est-decede/5467806/
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