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#EWC #24Hmotos – Kenny FORAY : « L’abandon, c’était pour la sécurité de tout le monde. »


 

#EWC #24Hmotos – Kenny FORAY : « L’abandon, c’était pour la sécurité de tout le monde. »

 

 

 

Ces 24 Heures Moto 2016 ont un goût d’inachevé pour Kenny Foray et ses coéquipiers. Les 3 pilotes de la BMW #13 du team Penz13.com avaient pourtant débuté le week-end de la meilleure des façons sur le circuit Bugatti en dominant les séances qualificatives de la course qui lançait la saison 2016 du Championnat du Monde d’Endurance EWC ! Un départ en pole pour la toute nouvelle équipe Penz13.com et les premières heures de course aux avant-postes; avant l’abandon.

 

Entretien avec Kenny Foray pour revenir sur les bons et les mauvais moments de ce week-end manceau qui restera très positif malgré tout…

 

 

 

Anthony pour Infos-motopiste.fr : « Kenny, j’imagine à quel point tu dois être déçu bien sûr d’avoir dû abandonner après un tel début de course. Un arrêt vers 23h30 pour problème moteur c’est ça ? »

 

Kenny Foray : « Non non, c’est en fait une accumulation de choses qui a fait que l’on a abandonné. Le mieux serait de poser la question à l’équipe technique parce que je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé, surtout pour ma chute. On sait à peu près pourquoi mais on ne sait pas si c’est une conséquence de… Mais ce n’est vraiment pas ce que je veux garder de cette course, ce que je veux retenir c’est toute la semaine, c’est la performance, c’est la vitesse que l’on a avec cette moto. Il n’y a pas eu de problème mécanique arrivé soudainement, mais je ne peux pas te dire exactement ce qu’il s’est passé. J’ai juste dit que je ne voulais plus que ça m’arrive (rires). Je n’ai pas forcément cherché à analyser ni à comprendre, ce qui est sûr, c’est que cela nous fait une expérience pour la suite. L’abandon, c’était pour la sécurité de tout le monde. Ma chute, la chute due au problème technique, a engendré des dégâts et l’on ne pouvait plus continuer. »

 

 

 

Anthony : « Tu t’es fait peur sur cette chute j’imagine ? On n’en revenait pas quand on t’a vu rentrer au box avec la roue arrière dans les mains. »

 

Kenny : « Sur le début, non, parce que je n’ai pas compris. Je me suis dit : qu’est ce qui se passe ? Après tu te remets vite en question, et tu te dis ça arrive… C’est quand j’ai commencé à pousser la moto, j’ai trouvé qu’elle était très dure, et je me suis rendu compte qu’elle était en train de sortir (la roue arrière). Voilà, ce sont des choses qui arrivent. Je te le redis, je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé. Pour te répondre, oui j’ai eu peur, bien sûr j’ai eu peur. C’est arrivé à d’autres et aux plus grands l’an dernier. Ce n’est pas pour autant que je n’ai plus confiance, sur le coup, oui ça m’a fait peur. Le team manager m’a rassuré par rapport à plein de choses, et moi j’ai confiance en lui, j’ai confiance en son équipe. C’est aussi pour ça que je ne suis pas rentré dans les détails. Il m’a dit : t’inquiète pas, on va rebondir, on sait pourquoi. Je ne suis pas inquiet. Oui c’est plus facile pour moi de dire ça maintenant, je t’aurai pas forcément dit ça après ma chute (rires), mais en prenant du recul, on est peut être amenés à faire des erreurs, il y a une conséquence de… mais on ne sait pas de quoi, et c’est au team de trouver la solution. Ce sont des situations qui sont tellement délicates, oui j’ai eu un peu peur, mais après coup. Quand je me suis un peu énervé en bord de piste, c’est parce que j’avais besoin de faire sortir ma déception. »

 

Anthony : « Comme tu le dis très bien, il faut garder le positif. La pole, les sept, huit premières heures sur le podium virtuel. »

 

 

 

Kenny : «Le podium virtuel, je t’avoue franchement que pour nous, pour moi perso, c’était bien mais on a jamais gagné une course sur sept heures. Pour ma part, en étant très prudent pendant le premier relais, je ne connaissais pas la moto et les pneus dans ces conditions-là, en ne prenant aucun risque, se retrouver à sept heures de course à bagarrer pour la première place pendant les ravitaillements avec la #11, je me suis dit : c’est plus que positif. C’est même génial de pouvoir faire ce genre de choses. Sachant que notre but n’était pas de montrer les crocs direct pendant les premières heures, la course allait être longue, il fallait faire un début de course prudent mais on était devant. Là, je me suis waouh, je me dis waouh. C’est quand même génial. »

 

Anthony : « Oui, il y a les pilotes, il y a le potentiel, la moto, l’équipe, tout va bien en fait. »

 

Kenny : « Tout va bien. Après, il faut qu’on progresse sur certaines choses. C’est aussi pour ça qu’ils nous ont pris avec Mathieu (GINES bien sûr), parce qu’on a l’expérience. Il y a peut-être des choses sur lesquelles on peut encore s’améliorer. Eux, ils nous ont aussi appris beaucoup de choses, leur façon de travailler est juste incroyable. Moi j’adore. Et on a une moto qui est plus que performante. Niveau performance, on est vraiment, vraiment biens. Pour te dire un truc qui me choque presque par rapport aux conditions de piste qu’on avait, qui n’étaient pas faciles, en seulement un relais sur le sec, j’ai roulé plus vite que pendant mes sept dernières années en officiel. En un relais et dans des conditions difficiles. Il ne faisait pas chaud, c’était limite en train de repleuvoir. Avec ces conditions pas faciles, j’ai fait un chrono, on a fait des chronos, c’était juste pour moi quelque chose d’incroyable. Mathieu avait fait une toute petite chute avant, rien de méchant mais le frein était cassé, il frottait dans les virages mais ça roulait quand même très vite avec ces petits problèmes. Je suis épaté par la performance de la moto. C’est bien d’être épaté par la performance de la moto, mais faut finir la course, sinon ça sert à rien. De gagner les 7H du Mans, être devant aux 7H du Mans, ça n’a aucun intérêt. Si on arrive à tout bien ranger dans chaque casier, ça peut vraiment faire de belles choses. Ca, par contre j’en suis sûr. On verra sur les autres circuits, mais par rapport à ce que j’ai vu au Mans, moi je suis fan. Je suis fan de cette moto. Il va falloir confirmer maintenant. Et confirmer sur une course d’endurance, c’est pas pareil que confirmer sur une course de sprint.»

 

 

 

Anthony : « Je vais te poser une question indiscrète. On se pose cette question, beaucoup se posent cette question. Tu me diras ce que tu peux me dire. Il y a encore de l’amertume, ou il y a table rase, aucuns regrets d’avoir dû quitter le GMT ? »

 

Kenny : « Je vais te répondre sincèrement. J’ai passé six ans au GMT. Forcément, c’est une équipe que j’apprécie énormément. Pendant six ans, avec l’équipe technique, des liens se créent. Maintenant, je suis très bien là où je suis. Malgré que ce soit un truc qui n’était pas voulu au départ, ça m’a peut-être fait du bien. Toucher le fond pendant l’hiver, ça peut te remettre sur pied. L’amertume d’avoir quitté le GMT, ça a été une situation difficile pendant l’hiver, et ça je l’aurai toujours un peu, je l’aurai toute ma vie. De ne pas comprendre ce qu’il s’est passé, c’est difficile. Je pourrai dire aussi que j’ai découvert quelque chose de super. Aujourd’hui, je suis très content d’être là où je suis. J’essaye de ne pas regarder derrière. C’est comme ça qu’on avance. Il y a des choses qui resteront toujours mais je suis là où je suis aussi grâce au GMT. Il ne faut pas enlever ces années passées au GMT, bien au contraire. »

 

Anthony : « Pendant la course, en bord de piste ou en salle de presse, on s’est mis un peu à la place du GMT et on se disait : Oh punaise (pour ne pas dire autre chose NDLR), avec le début de 24H qu’ils ont, avant vos incidents aussi, quand ils vous voyaient devant, toi, Lukas et Mathieu quasiment en tête de course et eux qui galéraient, ils devaient faire la grimace quand même ?

 

Kenny : «Il faut que tu poses la question à Christophe (Guyot) Rires… Bien sûr que c’est une valeur ajoutée pour nous. Cela prouve qu’on y est pas pour rien pour certaines choses, qu’on est des pilotes d’endurance qui ne sont pas mauvais quoi. En étant franc, et jamais je ne me réjouirai de voir un pilote tomber, je peux me mettre à sa place cela peut m’arriver. Maintenant, j’ai entendu tout l’hiver qu’il fallait des pilotes de Grand Prix, de vitesse pour gagner des courses, pour être vite, nous on a été rapides puisqu’on a fait la pole position et on a prouvé en course qu’on était rapides. L’endurance est une catégorie très différente de la vitesse et cela ne veut pas dire non plus qu’un pilote de vitesse ne peut pas y arriver. Les conditions de course étaient très difficiles et avec les incidents de course qu’ils ont eus, je ne veux pas faire de conclusions par rapport à ça. Ce qui est sûr c’est que je suis content d’être là où je suis aujourd’hui. Je ne peux pas me réjouir de ce qui s’est passé pour eux, je connais trop l’équipe pour dire ça. Moi, ce qui m’a fait du bien, ce sont nos qualifs. La course, c’est différent. La course, c’est la course. Certains disent « c’est n’importe quoi » mais les mêmes auraient crié au génie si ça avait marché. Cela aurait pu très bien nous arriver. Mais on a prouvé, Mathieu, Lukas et moi qu’on avait de la vitesse aussi en faisant la pole. Et on a fait cette pole, parce que le règlement a changé avec un train de pneus. En fait, Mathieu est parti, a fait trois tours avec un train de pneus, moi je suis parti, j’ai fait trois tours avec son train de pneus et Lukas est parti, a continué à rouler. On s’est rendus compte que Fabien (FORET) avait chuté en gardant le train de pneus donc on a fait rentrer Lukas pour changer de pneus. A la base, les chronos de Mathieu et les miens étaient faits avec les mêmes pneus. On a joué le jeu pour utiliser le moins d’étiquettes et on a fait la pole. C’est tout ça qui prouve que ça marche. Je n’irai pas dire ça ou ça par rapport au GMT, ils ont fait leurs choix pendant l’hiver. Ce n’est pas à moi de juger s’ils sont bons ou pas. Moi, mon but, c’est de prouver que je suis un bon pilote d’endurance et capable d’aller vite. Je dois le prouver chez Penz13, chez BMW. J’aimerai le prouver à tout le monde. Je trouve dommage qu’on ne puisse plus mettre d’étiquettes pendant les qualifs (changer de pneus NDLR), le fait d’avoir un train de pneus pour les trois pilotes, c’est un peu malheureux. Le troisième pilote ne peut pas se montrer. Ça fait du bien d’avoir des pneus pour rouler vite. Ce n’est pas moi qui décide malheureusement, c’est comme ça. Quand j’entends le speaker dire : « ça roule moins vite que l’an dernier », j’ai envie de lui dire tu as vu le règlement. L’an dernier, la pole était en 36.5 par le YART, c’était énorme.»

 

Anthony : « Les yeux tournés vers Nogaro pour le Championnat de France Superbike maintenant ? »

 

Kenny : « Exactement. Ecoute, pour moi Nogaro, ça va vraiment être le test. Le Mans est un circuit qui n’est pas très compliqué pour rouler vite. A Nogaro, le circuit est plus difficile en termes de réglages. J’ai hâte d’y être pour voir si l’on peut être aussi forts qu’on l’étaient au Mans. Même si au Mans on a pas confirmé parce que j’ai manqué de chance, on a roulé vite. Si on travaille bien, je ne veux pas m’enflammer mais ça devrait le faire. L’objectif sera d’aller embêter Greg (LEBLANC). »

 

 

 

   

 

 

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